ABU ZHAR AL GHIFARI



- un jeune homme: abû zar! où étais-tu depuis si longtemps? nous ne pouvions pas te joindre depuis quelque temps.

- abû zar: j'étais allé à la mecque. j'en suis revenu depuis quelques jours.

- un autre homme: nous sommes contents que tu sois allé à la mecque.

- abû zar: je suis allé à la mecque, mais je n'y ai évidemment pas offert de sacrifice à hubâl ni ne me suis prosterné devant "lât" et "`uzzâ". chers jeunes gens! pourquoi aurais-je fait de telles cérémonies devant ces idoles qui n'ont pas de vie et qui ne peuvent faire ni de bien ni de mal à personne? elles ne peuvent ni voir ni entendre, ni parer à une calamité qui s'abattrait sur elles. ecoutez-moi bien! je recours à allah dans toutes mes actions et affaires. il est certainement unique et sans égal ni partenaire. j'atteste qu'allah est le seul à être digne d'adoration. il est le créateur de toutes choses et le nourricier de toutes les créatures. je vous demande donc de vous joindre à nous dans notre plan d'action et de reconnaître l'unicité d'allah comme nous».

en entendant ce discours inouï, tout le monde se mit à trembler. l'un des visiteurs dit avec étonnement: «o abû zar! que dis-tu là?!».

abû zar reprit: ecoutez bien ce que je vais vous dire. bien que je ne puisse voir allah avec mes yeux, je le vois partout avec mon oeil intérieur. on peut le voir à travers toutes les choses dans le monde. réfléchissez bien! comment un objet peut-il être digne de faire l'objet de l'adoration de l'homme, alors qu'il est fait avec les mains de l'homme? il n'est pas raisonnable d'adorer des idoles faites de pierre et de bois, et de les implorer de satisfaire nos besoins! chers frères! vous n'êtes pas sans savoir que ces idoles n'ont aucun pouvoir. elles ne peuvent ni éloigner un malheur ni apporter le bien».

une fois ces exhortations d'abû zar terminées, les jeunes gens échangèrent des propos à voix basse. l'un d'eux dit: «j'ai déjà appris qu'un homme était apparu à la mecque; il se dit être prophète et appelle les gens à adorer allah l'unique. abû zar l'a rencontré et était si touché par ses prêches, que toute idée qu'il présente, provient de cet homme-là». un autre jeune dit: «la situation est très grave. nous nous exposons au danger à cause de la personnalité et des prêches d'abû zar. nous sentons que s'il continue à prêcher de la sorte, des différends surgiront à l'intérieur de notre tribu et des vies humaines seront menacées. il vaut mieux donc aller chez khafâf, le chef de notre tribu pour lui parler des dangers que nous courons, et lui demander avec insistance de prêter toute l'attention nécessaire afin de les prévenir».

les jeunes gens de la tribu de ghifâr prirent congé d'abû zar et partirent pour se rendre chez khafâf. chemin faisant, ils échangèrent leurs vues. l'un d'eux dit; «abû zar a provoqué un grand trouble».

un autre renchérit: «ce sera honteux pour nous d'ignorer ce grand péché d'abû tharr. il a ouvertement outragé notre religion et ridiculisé nos dieux».

un troisième ajouta: «il faut le chasser de notre tribu dans les plus brefs délais, car si nous tardions à l'excommunier, il pourra profiter de ce répit pour laver le cerveau de nos jeunes hommes, nos femmes, et nos esclaves, et leur inculquer ses idées subversives, auquel cas ce serait trop tard pour réagir».



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