ABU ZHAR AL GHIFARIabû zar se retrouva à rabdhah dans une solitude totale et dans l'isolement absolu. dans ce coin du désert, personne ne se souciait de lui et personne ne s'enquérait de la condition dans laquelle il vivait. il était livré à lui-même. tout pouvait lui arriver et personne ne se trouvait à proximité pour venir à son secours. il n'y avait rien ni personne pour le réconforter, le soulager, le consoler. s'il y avait eu au moins sa famille avec lui, la solitude aurait pesé, certainement, moins lourd. mais voilà , de déportation en exil, il était contraint de laisser sa famille derrière lui. les ordres du calife en avaient décidé ainsi. lorsqu'il avait été amené de syrie à médine, on n'avait pas laissé partir les siens avec lui. et puis, à médine aussi on ne voulait pas de lui et avant de pouvoir faire venir sa famille, il fut banni pour toujours dans ce lieu reculé du désert. `abdul-hamîd jawdat al-sahar écrit que lorsque mu`âwiyeh apprit la nouvelle de la déportation d'abû zar, il envoya sa femme à rabdhah. en quittant sa maison, elle portait pour tout bagage un seul sac. mu`âwiyeh, en la voyant avec son sac dit aux gens d'un air moqueur: «regardez les biens du prêcheur de l'austérité!». la femme d'abû zar répliqua: «ce sac ne contient que quelques pièces de monnaie. il n'y a ni dirhams ni dinars. et ces pièces suffisent à peine à couvrir nos dépenses». lorsqu'elle arriva enfin à rabdhah, elle constata qu'abû zar y avait déjà construit une "mosquée". divers histoirens ont mentionné la construction d'une "mosquée" à rabdhah par abû zar. on peut se référer à cet égard aux livres d'al-tabarî, d'ibn al- athîr et d'ibn khaldûn. al-tabarî écrit qu'abû zar avait tracé une ligne de mosquée et il accomplissait ses prières à cet endroit, tout comme de nos jours, les gens dégagent un terrain dans la forêt et appelle cet endroit mosquée. ce n'était pas vraiment une mosquée, et il lui aurait été impossible de construire une mosquée comme on en fait aujourd'hui. selon `abdul-hamîd jawdat al-sahar, pendant la saison de hajj, lorsque les gens passaient par rabdhah, ils priaient dans la mosquée d'abû zar. cela montre que rabdhah était vraiment un lieu sans habitants. autrement, s'il y avait eu une population, on aurait mentionné dans quelques livres d'histoire que des gens accomplissaient leurs prières dans ladite mosquée, tout comme ils mentionnent le fait que les pèlerins de passage y priaient. al-`allâmah al-subaytî écrit qu'abû zar était dans une condition d'isolement telle à rabdhah qu'il vivait totalement coupé du monde et, sauf à des rares occasions où un voyageur passait par son coin, il ne pouvait espérer rencontrer personne. dans le désert plat où il était assigné, il ne trouvait même pas un abri pour s'y réfugier. il vivait sous un arbre qui se trouvait là . il n'avait pas un coin spécifique pour préparer son repas. des herbes vénéneuses poussaient partout autour de lui qui finirent par causer sa mort et al-subaytî attribue la raison du bannissement d'abû zar à un tel endroit, uniquement au souci de `othmân de mettre fin à ses prêches et pour que personne ne puisse plus entendre ses discours et ses paroles qui charmaient les gens. tout ce qu'il disait respirait la vérité, ce qui ébranlait la fondation du gouvernement. en un mot, abû zar vivait avec sa famille à rabdhah dans une gêne extrême. sans âme qui vive, sans amis ni voisins, dans un désert inhospitalier, il ne trouvait rien qui puisse égayer son coeur. mais heureusement, il restait toujours des gens honnêtes et sincères qui avaient beaucoup d'estime pour lui, et qui, malgré l'état de disgrâce dans lequel il se trouvait, venaient de temps en temps lui rendre visite. selon l'histoiren al-wâqidî, abul-aswad al-duaylî a raconté: «j'avais une envie irrésistible de rendre visite à abû zar pour lui demander la raison de son exil. je suis allé donc le voir à rabdhah et je lui ai demandé s'il avait quitté médine de son propre gré ou s'il en avait été expulsé de force. il m'a donné comme réponse: "frère! quand j'avais été déporté en syrie, j'avais pensé que j'allais à un territoire important des musulmans. et une fois sur place, j'étais content d'être là -bas. mais on m'a vite retiré le permis de séjour dans ce pays et on m'a renvoyé à médine. lorsque je suis arrivé à cette ville, je me suis consolé avec l'idée qu'après tout j'étais dans la ville vers laquelle j'avais émigré et dans laquelle j'avais eu l'honneur d'être le compagnon du saint prophète. mais hélas, là encore, ma satisfaction fut de courte durée, puisqu'on n'a pas tardé à m'en expulser et me bannir dans cet endroit où tu me vois (....) o abul-aswad! ecoute ce que je vais te raconter: un jour, du vivant du messager d'allah, je dormais dans la mosquée du prophète. par hasard, le messager d'allah y est entré. il m'a réveillé en disant: "o abû zar! pourquoi dors-tu dans ce masjid?". "j'ai eu sommeil, et je me suis endormi" ai-je répondu. "dis-moi! que feras-tu lorsqu'on t'expulsera de cette mosquée?" m'a demandé le saint prophète. "j'irai alors en syrie, car il y a dans ce pays des signes de l'islam, et de plus c'est un lieu de jihâd", ai-je répondu. "et que feras-tu lorsqu'on t'expulsera de cet endroit aussi?" m'a-t-il demandé encore. "je dégainerai mon épée et je couperai la tête de celui qui voudra m'en expulser" ai-je dit. "je te donne un meilleur conseil. laisse faire, lorsqu'on viendra t'expulser, accepte ce qu'on te demande de faire et ne résiste pas", m'a recommandé le prophète.
»o abul-aswad! je me suis conformé donc au conseil du saint prophète et j'ai fait ce qu'on m'a demandé de faire. je continue d'obéir à ce qu'on me demande. par allah, allah se vengera de `othmân pour ce qu'il m'a infligé, et il sera établi dans la cour d'allah qu'il a commis le pire des péchés dans son attitude envers moi".(118) «pendant le séjour d'abû zar à rabdhah, l'un de ses visiteurs lui demanda:
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