ABU ZHAR AL GHIFARI- abû zar: il avait dit que je serais banni de médine, empêché d'aller à la mecque et forcé d'élire résidence dans le pire endroit de rabdhah où je mourrais et serais enterré par des irakiens se dirigeant vers hijâz. après avoir entendu ces propos, `othmân dit, selon al-a`tham al-kûfî, à abû tharr: «lève-toi et va à rabdhah. restes-y et ne le quitte jamais». d'après "al-dam`ah al-sakîbah" (vol. 1, p. 194), il fut, à cette occasion, torturé et grièvement blessé. puis, le calife ordonna à marwân de l'envoyer à rabdhah sur le dos nu d'un chameau sans selle, et de proclamer l'interdiction totale, pour quiconque, d'aller le voir.(112) il est indéniable que cet exil équivalait à un assassinat. ceux qui sont bannis de cette façon de leur pays préfèrent sûrement la mort à cette déportation. même le prophète yûsuf pleurait chaque fois qu'il se souvenait de son pays natal alors qu'il était assis sur le trône royal d'egypte. le prophète mohammad (p) qui avait été forcé d'émigrer à médine, ses yeux se remplissaient de larmes chaque fois qu'il se rappelait la mecque ou voyait un habitant de sa ville. quant à abû zar, son exil paraissait être définitif. il était banni vers un village du désert pour y mourir. il devait quitter sa maison, ses amis et surtout la tombe du saint prophète à laquelle il était tellement attaché. mais abû zar savait que personne ne pouvait lui venir en aide pour empêcher cet exil forcé, voulu par l'établissement califal de `othmân dont la politique de déportation était une pratique courante et incontournable. en effet, selon l'histoiren al-tabarî, `othmân s'ingéniait à mettre au ban de la société, quiconque lui déplaisait, et il disait que cet isolement est plus sévère que toute autre punition(113). les ordres furent donnés pour qu'abû zar fût banni et que personne ne fût autorisé à le raccompagner, lui parler, lui rendre visite ou lui faire des adieux.(114) ces ordres découragèrent beaucoup de gens à sortir de chez eux pour saluer le départ de ce célèbre et fidèle compagnon du saint prophète. seuls, l'imam `ali, al-hassan, al-hussayn, `aqîl, `ammar, `abdullâh ibn ja`far, `abdullâh ibn `abbâs et al-miqdâd ibn al-aswad bravèrent l'ordre du boycottage et se rendirent chez abû zar lors de son départ pour l'exil. bien que les compagnons du saint prophète ne pussent exprimer leurs sentiments à propos de l'ordre du calife de bannir abû zar, il n'en demeure pas moins vrai qu'ils furent très perturbés par cet ordre et cet exil. ce mécontentement n'était pas seulement le fait des compagnons présents à médine, mais tous les compagnons qui se trouvaient ailleurs et qui, ayant entendu la nouvelle de ce bannissement étaient pris de malaise. anise ibn mas`ûd(115) qui était à kûfa, ainsi que les gens de sa tribu devinrent très agités. en bref, alors que marwân, agissant sur ordre de `othmân, avait amené un chameau sans selle et était sur le point d'envoyer abû zar vers son exil, `ali, al-hassan, al-hussayn, `aqîl, `ammar, `abdullâh ibn ja`far, miqdâd ibn al-aswad et `abdullâh ibn `abbâs se présentèrent et dirent: «o marwân, le maudit! arrête. ne le monte pas encore sur le chameau. nous devons lui dire au revoir d'abord». `ali parla le premier: «o abû zar! ne t'inquiète pas. des gens en ont assez de toi à cause de leur soif des biens de ce monde, et toi, tu ne t'es pas soucié de leur mécontentement à cause de ta foi. il en est résulté qu'ils ont décidé de te déporter. abû zar! un homme pieux est toujours confronté à des épreuves, mais rappelle-toi qu'allah prépare des moyens de délivrance merveilleux pour les gens pieux. rien ne peut te consoler, si ce n'est la "vérité". la "vérité" sera ton compagnon dans ta solitude. je sais que la seule chose qui peut te perturber, t'inquiéter, et t'alarmer, c'est la non-vérité, et celle-ci ne peut s'approcher de toi». ensuite, l'imam `ali demanda à ses fils de faire leurs adieux à abû zar. l'imam al-hassan dit alors: «o cher oncle abû zar! qu'allah t'entoure de sa miséricorde. nous voyons ce qu'on est en train de te faire. nos coeurs sont serrés, ne t'en fais pas. allah est ton guide et tu dois te tourner vers lui. o oncle! sois patient face à cette calamité jusqu'à ce que tu rejoignes mon grand-père qui sera heureux de te revoir».
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