ABU ZHAR AL GHIFARI



relatant cet événement, l'histoiren al-ya`qûbî (mort en 278 h.) écrit que `othmân avait compilé le saint coran de sorte que les grandes sourates et les petites sourates soient séparées en deux parties distinctes. puis, il fit ramasser les autres copies du coran disséminées dans les différentes régions de l'etat islamique, les fit laver avec de l'eau chaude et du vinaigre, et y mit le feu. il en résulta qu'il ne resta aucune copie du coran, sauf celle appartenant à ibn mas`ûd, lequel la gardait avec lui à kûfa. lorsque le gouverneur de kûfa, `abdullâh ibn `Âmer demanda à ibn mas`ûd de lui remettre sa copie, il refusa. `othmân apprit la nouvelle de ce refus et écrivit à son gouverneur de kûfa d'arrêter ibn mas`ûd et de l'amener à médine. quand ibn mas`ûd arriva à médine et entra dans le masjid, `othmân était en train de prononcer un discours. voyant ibn mas`ûd il dit: «un animal répugnant et désagréable vient d'arriver». ibn mas`ûd répliqua au calife sur le même ton. `othmân ordonna alors qu'ibn mas`ûd soit battu. son ordre fut exécuté immédiatement et ibn mas`ûd fut tellement frappé et traîné à terre que deux de ses côtes furent brisées.

selon la traduction persane de "ta'rîkh al-a`tham al-kûfî" (imprimé à bombay, p. 147, ligne 8), `othmân déchira les copies du coran avant de les brûler. l'auteur de "successors of mohammad" (w.irving, imprimé à londres en 1850, a. j-c) dit la même chose. selon "najât al-mu'minîn" de mulla mohsin al-kichmîrî, `othmân fit briser les côtes d'ibn mas`ûd, lui arracha sa copie du coran et le brûla. on lit dans "rawdhat al-ahbâb" (vol. 2, p. 229, imprimé à lucknow), `othmân ordonna: «ma copie du coran doit être mise en circulation sur mon territoire, et les autres copies doivent être brûlées». et conformément à cet ordre, toutes les autres copies furent brûlées. selon de nombreuses sources dignes de foi,(108) `othmân envoya un message à hafçah, la femme du saint prophète, pour lui demander de lui envoyer les textes du coran en sa possession afin qu'il les recopiât, et lui promit de les lui rendre tout de suite après. hafçah s'exécuta. `othmân désigna zayd ibn thâbit, `abdullâh ibn zubayr, sa`îd ibn al-`Âç et `abdul-rahmân ibn hârith, tous des quraychites, pour qu'ils recopient ces textes selon le parler (la lecture) des quraych au cas où il y aurait différentes lectures possibles dans certains versets, étant donné que le coran avait été révélé dans leur langue. ils accomplirent leur mission conformément aux instructions de `othmân. après quoi, celui-ci renvoya, comme promis, les textes à hafçah avec la nouvelle copie. maintenant seule la copie de `othmân est en cours alors que toutes les autres furent. d'après "fat-h al-bârî" d'ibn hajar al-`asqalânî ( vol. 4, p. 226), `othmân réexpédia à hafçah sa copie, mais marwân la lui arracha de force et la brûla. diverses références crédibles(109) confirment que `othmân avait brûlé toutes les copies du coran, excepté la sienne, et qu'il fit battre ibn mas`ûd tellement qu'il eut une hernie, avant de le mettre en prison où il mourra. et enfin, "al-tuhfah al-ithnâ-`achariyyah" de `abdul-azîz rapporte que ubayy ibn ka`b remit sa copie du coran à `othmân pour éviter d'être battu. cette copie aussi fut brûlée. en tout état de cause, d'innombrables ouvrages affirment que `othmân fit brûler les différentes copies du texte divine, copies qui avaient été compilées sous le califat d'abû bakr. lorsque omm al-mou'minîn (la mère des croyants), `a'ichah apprit la nouvelle de cet événement, elle piqua une crise de colère et s'écria: «o musulmans! tuez cet homme qui a brûlé le coran. il vient de commettre une grave injustice» ("anwâr al-qulûb" de mohammad bâqir majlicî, p. 313). très mécontente de cette action de `othmân, elle répétait à toutes occasions: «tuez ce juif, na`thal. qu'allah le tue. il est devenu apostat» ("rawdhat al-ahbâb", vol. 3, p. 12). ibn al-athîr al-jazarî écrit dans son livre "tath-kirat khawâç al-ummah", pp. 38, 40, 41) que lorsque `a'ichah disait à qui voulait l'entendre: «tuez ce na`thal. qu'allah le tue», elle visait le calife `othmân. et ibn al-athîr explique que si elle appelait `othmân, na`thal, c'est par comparaison avec un juif d'egypte qui s'appelait na`thal et dont la barbe ressemblait à celle de `othmân. il explique d'autre part, que selon shaykh, na`thal signifie idiot ("al-nihâyah" d'ibn al-athîr).

selon l'histoiren ibn taqtaqî, `othmân fut assassiné en conséquence de l'incitation de `a'ichah, "tuez ce na`thal". le jour même où la maison de `othmân fut encerclée, `a'ichah partit pour la mecque ("ta'rîkh al-fakhrî", p. 62, imprimé en egypte).

différents histoirens affirment que `ali fut terriblement choqué par le brûlage des copies du saint coran, au point qu'il sentit la nécessité de se concerter avec abû zar sur cet événement. selon al-`allâmah al-majlicî, `ali demanda à cette occasion à `abdul-malik, le fils d'abû zar de faire venir son père. lorsqu'abû zar se présenta et qu'ils échangèrent leurs vues à ce sujet, `ali exprimant sa profonde désapprobation du brûlage du coran, dit: «il a été mis en pièces et passé au fer. il est possible qu'allah se vengera de lui (`othmân) avec le fer». abû zar fit cette réflexion: «o `ali! j'ai entendu le prophète dire que les rois tyrans tueraient les membres de sa famille». `ali lui demanda: «o abû zar! es-tu en train d'attirer mon attention sur le fait que je serai assassiné?». abû zar répondit: «il n'y a pas de doute que cela arrivera et que tu seras le premier membre des ahl-ul-bayt du prophète à être assassiné». chapitre 19

abû zar, l'incorruptible, condamné à la déportarion

 

les histoirens écrivent qu'abû zar faisait ses prêches sur des sujets spécifiques, dans le masjid, les marchés, les rues et partout où l'occasion se prêta à cette tâche. il ne craignait pas d'être assassiné, car le saint prophète lui avait prédit que personne ne pourrait le tuer, ni le détourner de sa foi. il ne se souciait non plus d'aucun reproche, car il avait promis au prophète de faire ce qu'il était en train de faire. il était sûr et certain que tout ce qu'il faisait était conforme à la volonté d'allah et à celle de son prophète. c'est pourquoi, il occupait tout son temps à s'acquitter de son devoir avec beaucoup de courage et de ferveur.

alors qu'abû zar intensifiait de plus en plus ses prêches, `othmân réfléchissait au meilleur moyen de le réduire au silence. aussi consulta-t-il marwân, un jour, et lui demandal comment on pourrait amener abû zar à cesser ses critiques contre la conduite califale et contre la thésaurisation. marwân lui dit: «il n'y a qu'une astuce qui pourrait nous conduire à cet objectif: il faut le soudoyer par l'argent. il se peut qu'il l'accepte et qu'il se taise par conséquent». `othmân écouta le conseil de marwân et resta silencieux. la raison de son silence était qu'il savait très bien qu'abû zar n'avait pas l'appétit de l'argent. mais marwân sûr de lui insista et finit par obtenir la permission d'exécuter son projet. il appela deux hommes, leur confia deux cents dinars et leur dit; «apportez cet argent, à la faveur de la nuit, à abû zar et dites-lui que `othmân lui transmet ses meilleurs souhaits et lui envoie cette somme pour satisfaire ses besoins».

les deux hommes allèrent à la recherche d'abû zar dans l'obscurité de la nuit. ils le trouvèrent à la mosquée en train de prier, malgré l'heure tardive(110). abû zar demanda aux deux visiteurs ce qu'ils faisaient là et ce qu'ils lui voulaient. les émissaires de `othmân lui montrèrent les deux cents dinars et lui dirent: «le calife `othmân te présente ses respects et te demande d'accepter cet argent pour subvenir à tes besoins».

abû zar leur demanda: «a-t-il offert la même somme à d'autres musulmans?». ils répondirent: «non, à personne d'autres. c'est la générosité du calife envers toi uniquement. nous te prions donc de l'accepter». abû zar dit: «je suis un musulman parmi d'autres. si le calife n'a rien donné à aucun autre musulman, je ne peux l'accepter. d'ailleurs, je n'en ai pas besoin, alors que d'autres musulmans pauvres ont été ignorés. retournez donc chez le calife et rendez-lui l'argent. dites-lui qu'un peu de blé me suffit. je gagne ma vie. qu'est-ce que je peux faire avec ces dinars»(111).

en fait, marwân s'était fait une idée complètement fausse d'abû zar. il avait cru, qu'abû zar, était comme bien d'autres, sensible à la richesse et au luxe de ce monde. il ne pouvait pas imaginer que ce fidèle compagnon du prophète ne s'intéressait qu'à la fidélité aux principes islamiques et aux traditions du saint prophète.



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