ABU ZHAR AL GHIFARIaprès avoir relaté cet incident, `abdullâh al-subaytî écrit qu'abû zar était une personnalité d'un caractère très fier. les `omayyades firent preuve de myopie, lorsqu'ils essayèrent d'acheter son silence. selon `abdul-hamîd al-miçrî, après cet incident, «mu`âwiyeh comprit qu'abû zar avait dit la vérité et qu'il avait distribué effectivement l'argent pendant la nuit. il manqua donc le but poursuivi de cette manoeuvre. aussi tenta-t-il de se montrer indulgent envers lui, mais sans que cela ait changé l'attitude d'abû zar. puis il employa la violence contre lui, mais également, en vain. enfin il essaya de nouveau de l'acheter avec trois cents dinars, mais sans succès»(50). les histoirens et les "traditionnistes" affirment que'abû zar était encore en syrie lorsque mu`âwiyeh avait dépêché une armée, avec la permission de `othmân, pour livrer une guerre navale ("ta'rîkh `abdul-fidâ"). après la fin de la guerre, mu`âwiyeh convoqua abû darda, `umar ibn al-`Âç, `ubâdah ibn samît et umm hithâm qui avaient été des compagnons du saint prophète. il leur dit: «je suis fatigué d'admonester abû zar qui ne m'écoute pas. il me harasse. vous avez été des compagnons du saint prophète comme lui. allez le voir et demandez-lui de cesser ses activités et de passer le restant de sa vie dans la paix et la tranquillité. j'en ai assez de lui, les riches du pays aussi». ces gens acceptèrent volontiers leur mission de bons offices. ils se rendirent chez abû zar et lui dirent: «nous venons de la part de mu`âwiyeh. il nous a envoyés chez toi pour te prier de t'abstenir de prêcher et de mener une vie paisible». abû zar devint furieux en les écoutant, car il pensait que ces gens savaient pertinemment que ces prêches étaient absolument justifiés et que tout ce qu'il faisait était conforme à la volonté d'allah, mais malgré cela ils étaient venus intercéder en faveur de mu`âwiyeh. il s'adressa donc tout d'abord à `ubâdah ibn samit et lui dit: «o `abul-walîd `ubadah! il n'y a pas de doute que tu as la préséance sur moi à tous égards et la supériorité sur moi de toute façon. tu es plus âgé que moi et étais compagnon du prophète pendant longtemps. tu es un homme sensible, intelligent, bien versé dans les affaires religieuses et tu as une bonne personnalité. mais je suis désolé de dire que, bien que tu saches tout, tu viens cependant me conseiller sur ordre de mu`âwiyeh. »o `ubâdah! penses-tu que je ne sais pas ce que je fais? crois-tu que j'aie perdu le sens du raisonnement? n'est-tu pas au courant de ce qui se passe? est-ce que j'ai tort de faire ce que je fais? mes exhortations ne sont-elles pas conformes aux intentions d'allah et de son prophète? o `ubadah! il m'est très pénible de voir quelqu'un d'intelligent comme toi qui connais tout parfaitement, venir me donner de tels conseils. ecoute-moi! je déteste fort toute cette délégation, car elle compte parmi elle un homme bien informé comme toi». se tournant ensuite vers abû darda, il dit: «o abû darda! tu as été honoré de peu d'amour pour le prophète. il était certain que si tu avais tardé un peu à reconnaître la foi, tu aurais été privé de la compagnie du saint prophète, car il aurait été déjà décédé. mais heureusement pour toi, tu as reconnu la foi et été honoré par la compagnie du prophète, et considéré comme un bon compagnon. cependant, tu n'as pas été en compagnie du saint prophète autant que moi, et tu ne peux donc pas comprendre ses objectifs aussi bien que moi. ayant bien assimilé les objectifs du prophète, j'agis selon le désir d'allah et de son messager. tu n'as donc pas le droit de me donner des conseils à cet égard». puis s'adressant à `amr ibn al-`Âç, il lui reprocha sur un ton dur: «o `amr ibn al-`Âç! je te connais très bien. qu'as-tu fait autre que ta participation aux batailles? certes, tu as été honoré de la compagnie du saint prophète, mais tu n'as jamais eu la chance de vivre avec lui. tu étais toujours loin du prophète à cause des guerres. tu ne peux donc ni comprendre ses réelles intentions ni te faire une opinion correcte sur le sens de mon action et de ma conduite. je sais que tu es sous l'influence de mu`âwiyeh maintenant, et que tu es venu m'admonester sans réfléchir». enfin, il se tourna vers umm hizâm et lui dit: «que dois-je te dire? tu es une femme. il ne fait pas de doute que tu avais l'honneur de la compagnie du prophète. mais tu restes une femme et tu raisonnes comme telle». et abû zar de conclure en s'adressant à toute la délégation: «allez dire à mu`âwiyeh d'aviver son esprit, d'agir selon mon conseil et de ne pas troquer sa religion contre la vie de ce monde».
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