JAMAIS SANS L'ISLAM



en ville, comme prévu, le procureur continuait de céder, sous les coups de téléphone de bruxelles et du colonel, aux exigences de mes adversaires. même mon avocat céda, lui, qui m'avait dit un jour qu'il était prêt à aller, dans la défense de mon dossier, très loin, plus loin qu'on ne croyait pour la simple raison qu'il connaissait bien la réalité de la plupart des familles marocaines vivant en europe et la mauvaise éducation qu'y recevaient les enfants.

seigneur des hommes! tes créatures terrestres sont de plus en plus menées par les intérêts mesquins de leurs ventres et de leurs poches et de moins en moins fidèles aux principes à la lumière desquels tu leur as ordonné de vivre !

après avoir mangé, nous décidâmes de ne pas dormir à la maison de peur que nos persécuteurs, contrairement aux lois qu'ils ne cessaient de violer et de bafouer, nous envahissent sous le couvert de la nuit.

en confiant les enfants à des personnes hors de doute et loin de tout risque, je méditais sur le grand pouvoir de l'occident qui domine les musulmans de cette époque dans tous les domaines de la vie.

n'est-il pas étonnant que ce pouvoir et cette influence ne se limitent pas aux seules orientations économiques et politiques, mais pénètrent aussi les autres domaines juridique, culturel, esthétique, littéraire et même spirituel et moral (pensez aux écoles spirituelles créées par l'occident dans la communauté islamique telles la bahaï et d'autres plus discrètes).

n'est-elle pas immense et incroyable cette victoire qui permet désormais aux occidentaux de lancer des ordres de bruxelles, de paris, de londres ou de washington et de les voir s'exécuter facilement sur les sommets de l'atlas, au fin fond du sahara, sur les côtes de l'euphrate et du tigre, en asie comme en afrique; en arabie comme en indonésie, dans les familles citadines comme dans les campagnes de l'islam...

des ordres capables de séparer l'homme d'avec sa femme, le père d'avec ses enfants, la personne humaine d'avec son coeur ou son esprit de telle manière qu'elle se lève le matin croyante et pieuse et devient le soir mécréante, perverse ou traîtresse !

le matin, les gendarmes entrèrent assez tôt au village et quand ils ne nous trouvèrent pas dans la maison sur la colline rouge de touffahat, ils s'arrêtèrent près de l'école pour demander après trois élèves privés injustement de la stabilité, des études publiques et du jeu avec leurs camarades.

j'étais sur la crête d'une montagne avec mes jumelles et mes livres. mon étonnement ne cessait d'augmenter, de voir des hommes censés être au service de l'État rouler avec une jeep et du carburant publics pour violer des lois constitutionnelles garanties par l'État et porter atteinte à l'un de leurs concitoyens les plus sincères et les plus fidèles.

quand les faucons du procureur quittèrent les lieux, nous nous regroupâmes chez nous tels des perdreaux dispersés par des chasseurs et des lévriers dressés contre tout ce qui est pur, innocent et faible.



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