JAMAIS SANS L'ISLAMil faut la voir aussi en hiver sur la neige et appeler son père à glisser avec elle ou en été quant elle rejoint une oie blanche dans une piscine écumante sur fond bleu marine, pour voir en plein jour deux belles étoiles nager dans un flot de nuages blancs parcourant un ciel clair de montagne. quand les rayons du soleil se reflètent sur ses beaux cheveux et colorent ses joues roses , les ombres des arbres avoisinants, sur ordre du zéphyr et des oiseaux montant à la garde, s inclinent alors humblement devant la princesse de la pureté et de la beauté innocente qu'est ma petite sajida. du jeu, du plaisir et du sport réunis chez sajida dans un monde où le jeu est dureté et violence, le plaisir impureté et péril et le sport commerce douteux et attrape-nigaud... il faut aussi voir sajida quand elle met à l'écart la poupée qu'on lui a achetée pour confectionner elle-même sa propre poupée moins sophistiquée certes mais répondant plus que l'autre aux désirs et à la conception de sa maîtresse qui la coiffe, ajuste ses chaussures et lui ordonne tantôt de jouer, tantôt de se coucher près d'elle. prenant quelques jaunes d'œufs cuits, des oignons et du son de blé mouillé, elle sort souvent de bonne heure avec ses petits poussins de dinde pour les nourrir et les installer avec leur mère sous les branches touffues d'un arbre afin qu'ils trouvent facilement un abri dès qu'un rapace diurne parait dans le ciel. quand elle sent le retour de son papa du souk hebdomadaire, vers 11 h ou midi, elle réunit ses amies, parfois sous la houlette de soumaya, pour chanter à son honneur: "de la colline des adieux, nous apparaît la lune ... ", cet hymne étant traditionnellement dédié au prophète ou récité en commémoration de sa naissance. ma fatigue s'en va alors, ma sueur s'évapore et mon cœur bat très soumaya et ses deux amies préférées lamya et nouzha vont quelquefois chez des tantes au milieu ou à l'extrémité du village pour assister à une fête organisée à l'occasion d'une nouvelle naissance ou du retour d'un proche parent qui a fait un long voyage. ces filles vont et reviennent sans être inquiétées et sans avoir peur d'être victimes de rapt ou d'insolence. quand elles décident de rester à la maison, soumaya chasse alors carrément son frère et ses amis du salon pour organiser avec ses copines une petite fête de mariage imaginaire pendant laquelle la mariée parmi elles se fait entourer des soins et des parures nécessaires avant de permettre aux jeunes filles et fillettes d'abord de chanter et de danser, ensuite de manger du tajine préparé effectivement à cette occasion, par l'une de tantes présentes à la maison. de véritables opéras qu'on ne peut rencontrer dans une maison de théâtre moderne que dominées par l'artificiel et le superflu. soumaya apprend ainsi en jouant les us et coutumes de son pays, apprécie les honneurs dont jouie toute fille marocaine qui sait garder intactes sa chasteté et sa pudeur et comprend que la femme musulmane a son royaume et ses domaines sur lesquels les mâles fusent-ils ses frères ou ses proches ne peuvent impiéter.
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