JAMAIS SANS L'ISLAMdans les grandes agglomérations urbaines, les enfants sont coupés de la nature et ont tendance à prêter à l'ingénieur ce qui relève exclusivement du domaine " divin ". je crois avoir lu, en belgique, que certains élèves de cinquième année primaire, étaient convaincus que les oeufs de poule n'étaient que des produits d'usine fabriqués au même titre que des boîtes de conserve. par le seul fait de quitter la ville pour la campagne, les enfants reçoivent des cours pratiques inestimables. comme la plupart des enfants issus de l'immigration, soumaya, mahdi et sajida pâtissaient de l'enseignement piteux que leur dispensaient des hommes et des femmes déconcertés et dépassés par les problèmes et les situations inextricables des familles musulmanes désaxées, qui retombent immanquablement sur les enfants. tantôt victimes, tantôt bourreaux, les enseignants et leurs élèves aux cheveux noirs se plaignent mutuellement les uns des autres. les premiers sont contraints pour échapper au rouleau compresseur du chômage, d'accepter le travail disponible sur le marché , les autres sont obligés de fréquenter l'école au moins jusqu'à la fin de leur adolescence. or, le travail qu'on fournit sous la contrainte physique ou circonstancielle est en général bâclé et peu productif. mal aimés et malmenés dans les établissements scolaires qui leur sont destinés dans leurs communes à ghettos ces enfants, quand ils rentrent chez eux, ne trouvent guère de réconfort. souvent, le vacarme d'une musique folle ou d'une télé toujours allumée s'ajoute à la fumée des cigarettes et des joints pour donner la migraine et l'envie de chercher ailleurs un air plus respirable.
quand aux parents de ces élèves, ils sont si obnubilés par eux mêmes et par leurs problèmes qu'il devient impossible pour eux de s'occuper de l'enseignement et de l'éducation de leurs enfants. aussi laissent-ils ce soin au ministère de l'enseignement public et aux directions des écoles fréquentées. les programmes appliqués ne s'avèrent inadéquats et déséquilibrés qu'après une période de cinq ou six ans au bout de laquelle les inspecteurs de l'enseignement se rendent compte de l'échec de l'entreprise éducative sur le double plan théorique et pratique. ce qui signifie des enfances entières sacrifiées, des occasions de réussite perdues, des efforts vainement soutenus et des espoirs avortés. l'échec ne pouvant engendrer que l'échec les enfants issus de l'immigration finissent par se trouver en marge de la civilisation qui en fait toujours des consommateurs et des spectateurs, parfois des spectacles et des produits de consommation politique et démagogique mais jamais des acteurs ou des citoyens à part entière conscients de leur temps et dignes de leur époque. en une année, mahdi, soumaya et sajida ont appris beaucoup de la nature qui les inspire, de la vie active qui les entoure et de la spiritualité qui les enveloppe. il faut voir le garçon accompagner les laboureurs dans leurs champs, découvrir les espèces d'engrais naturels ou chimiques qu'ils utilisent , les espèces de graines qu'ils sèment suivant des méthodes appropriées et pendant des périodes bien déterminées. il accompagne aussi les bergers de son père et apprend comment on choisit les pâturages de son troupeau, comment on distingue mâles et femelles, celles, parmi ces dernières qui portent déjà des petits et celles qui s'y apprêtent, comment on repère les brebis qui souffrent d'une maladie et quels produits traditionnels ou vétérinaires il convient de leur administrer en tenant compte de leurs âges et de leurs poids. mahdi découvre aussi de nouvelles plantes et fleurs, apprend à en distinguer les couleurs, les odeurs et les propriétés. il n'est pas étonnant alors qu'il te conseille, si tu tousse, de prendre du thym au miel; si tu es enrhumé, de t'apporter de son jardin menthe sauvage et lavande... parfois, mahdi appelle ses deux sœurs pour ouvrir avec lui les réservoirs d'eau qui irriguent potagers et vergers. les enfants alors suivent l'écoulement des ruisseaux qui ne manquent pas de caresser par les fines gouttelettes qui s'en échappent leurs visages et chevelures. a l'instar de leur père qui irrigue des bassins d'oliviers, de pommiers, de tomates, d'oignons, de poivrons, de luzerne, de carottes, les enfants prennent leurs petites barres de fer et conduisent des cours d'eau vers les pousses de prunier, d'abricotier, d'amandier ou d'olivier récemment plantées par eux-mêmes. en les arrosant, chacun des enfants exprime dans la joie son rêve de les voir un jour devenir de grands arbres pleins de feuilles et de fruits. la nature leur apprend ainsi à bénéficier de ses rayons qui colorent leurs visages, de son air qui remplit leurs poitrines et de ses roches et buissons qui alimentent leur imagination. ils ont appris aussi à respecter le temps, à sentir le poids de la responsabilité et à être ponctuels grâce à l'enseignement sincère et assidu des abeilles et des fourmis qu'ils aiment voir travailler sans relâche pour le bien-être de leur société. cet enseignement primitif et vital est complété par un autre primaire et collectif dispensé dans l'école publique par des enseignants qui tentent d'appliquer tant bien que mal les programmes du ministère marocain de l'éducation nationale. a cela s'ajoutent les cours supplémentaires que je leur donne le matin de bonne heure et le soir afin de combler les lacunes actuellement béantes que présente l'enseignement public dans notre pays.
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