JAMAIS SANS L'ISLAMen passant à côté de la bergerie, les enfants demandèrent à saluer pour la dernière fois leurs petits moutons et leurs brebis qui tendaient de la grande porte en grille leurs jolis cous comme s'ils voulaient recevoir des enfants un dernier baiser avec une dernière poignée de mais ou d'orge. ensuite, ils arrivèrent près des orangers qu'ils ont aidé leur papa à planter, prirent un bouquet de menthe pour continuer de sentir, loin de leur village, son odeur délicieuse. enfin, ils saluèrent au cimetière du village, le tombeau de leur grand-père et récitèrent pour son âme quelques versets du coran qu'ils avaient appris par coeur. je fis de même et nous nous éloignâmes. le coeur serré et l'émotion à son comble, je me tournai pour saluer du regard la colline, la fermette, ces lieux bénis, la montagne, la maison sur la terrasse de laquelle j'entrevoyais des visages lumineux qui nous demandaient de revenir chez nous. devinant mon état d'âme, mahdi me demanda: papa, laisserons-nous ces montagnes qui nous entourent de leurs bras, ces vergers qui nous donnent de leurs fruits succulents, ces arbres parmi lesquels nous avons, mes sœurs et moi tant joué et tu as lu et écrit tant de choses à leurs ombres? papa, regarde "assas" notre chien fidèle! le laisserons-nous ici alors qu'il s'est habitué à nous et à toi? regarde notre berger qui, là -bas sur la colline, nous fixe de ses yeux larmoyants. le laisserons-nous après lui avoir appris à faire ses ablutions et ses prières. n'as-tu pas peur que satan le détourne après nous du droit chemin? papa, pourquoi ne nous cachons-nous pas une semaine dans une grotte de bentato, puis, après le départ de ces gens, nous retournerons chez nous où nous avons laissé les cadeaux de nos frères et sœurs, nos beaux vêtements et nos petits romans? Écoutez mes enfants, ces gens sont capables de nous atteindre là où nous nous cachons, seul allah les en empêchera! c'est sur lui que nous devons compter. je vous promets qu'un jour, in cha allah, vous reviendrez dans votre village pour trouver vos arbres plus beaux, donnant plus d'ombres et plus de fruits. vous trouverez vos pigeons et vos colombes plus nombreux et vos camarades plus grands et plus mûrs. ainsi mahdi pourra aller boire un verre de thé chez mustapha, mohammed ou lahcen; vous, soumaya et sajida, vous irez chez lamya, nozha et fatiha pour revivre vos doux souvenirs d'enfance. maintenant, suivez-moi -, je vous montrerai un paysage très beau, si beau qu'il vous fera oublier la douleur de la séparation et l'amertume des regrets. où est-ce que nous allons papa ? demanda soumaya. nous allons nous réfugier d'abord chez une famille hachimite qui avait quitté notre village pour aller vivre dans un autre village plus grand et très beau appelé "skoura". de là je donnerai mes directives pour que notre troupeau soit vendu. quand l'argent me parviendra, je m'acquitterai de quelques dettes et je dépenserai le reste pour rendre votre migration intérieure plus agréable ou moins éprouvante. après, allah jugera entre votre mère et moi. papa, s'exclama mahdi, notre sortie de chez nous ressemble à la sortie de la mecque de notre prophète (sur lui la prière et le salut d'allah) et des "mouhajirine" (émigrants) vers sainte médine.
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