JAMAIS SANS L'ISLAMcomment être des leurs au maroc, alors qu'en belgique, j'étais en perpétuelle confrontation avec leurs théories et leurs fatawi; ce qui me coûta, d'ailleurs, la présidence du conseil supérieur islamique qu'ils convoitaient ? sultana qui mettait tout dans le même sac, savait-elle - elle qui ne lit ni journal ni revue sérieuse - que beaucoup de crimes atroces perpétrés en algérie, n'étaient pas l'œuvre des mouvements islamiques toutes obédiences confondues, mais l'œuvre de nouvelles mafias sans loi ni voie pour lesquelles la fin justifiait les moyens tant que le bouc-émissaire musulman était là pour endosser les responsabilités ? la dernière flèche dans le carquois de sultana fut de loin la plus dangereuse parce qu'empoisonnée et destinée à tuer et non seulement à blesser :
sultana m'a imputé l'intention d'un crime de lèse-majesté contre le trône marocain. si cette flèche avait été tirée quelques années avant l'évolution heureuse que connaît mon pays, elle m'aurait injustement tué sur le champ et aurait donné à sultana mon sang, mes enfants et mes biens. autrefois, il suffisait aux agents et fonctionnaires cupides, rancuniers et sans scrupule de jeter cet anathème sur leurs adversaires politiques ou concurrents économiques ou même rivaux sentimentaux pour avoir leur peau ou, tout au moins, les mettre hors d'état de leur nuire ou d'entraver leurs desseins. aujourd'hui, si l'évolution arrive à son degré optimal, l'État de droit traitera tous les citoyens sur le même pied d'égalité et les jugera en dehors de tout arbitraire conformément aux lois en vigueur. sultana avait cherché dans les quelques années de notre vie commune quelque chose qui pouvait prêter à cette mauvaise langue. elle trouva probablement ce qu'elle voulait dans l'anecdote suivante : "ayant emprunté le bus, elle, soumaya et moi, pour aller passer le week-end chez sa famille, nous nous trouvions assis devant un africain que soumaya, encore bébé, dévisageait par dessus mes épaules. le voisin africain ne s'empêcha de dire au bel enfant: "quelle jolie princesse!" pendant plus d'une semaine, dans les deux familles alliées, on appelait soumaya: jolie princesse! si sultana joignait à cette anecdote des phrases telles que : " le hachimite que je suis ne courbera jamais l'échine pour demander cela " ou cette autre : " aller faire paître mon troupeau de chèvres sur les sommets de l'atlas vaut mieux pour moi que de faire ceci ou cela "... elle obtiendrait, sous l'effet de la rancune et de la frustration, le cocktail qu'elle cherchait. ma réponse à fès était donc claire et brève : je suis, comme des millions de marocains, chérifien c'est-à -dire descendant du prophète par moulay driss. je dis ce que je pense des activités économiques, sociales et politiques de mon pays mais de là à vouloir porter atteinte à la légitimité historique et chérifienne du trône marocain, c'est insensé ! quel marocain croyant et raisonnable pourra-t-il envisager de rompre l'allégeance, de corrompre le pays par la sédition, les troubles et l'insécurité tout en sachant quel châtiment attend quiconque verse une goutte injustement ou désunit une famille innocente et paisible ? quel imam censé connaître le coran et la sunna pourrait avoir cette ambition folle et mesquine d'asseoir un pouvoir limité dans le temps et dans l'espace sur les cadavres de ses frères et ses sœurs et sur les décombres de son pays natal ? supposez qu'on m'invite au siège de ce pouvoir sur un grand et beau tapis couvrant ces victimes et ces décombres et couvert de roses et de fleurs, je ne serai tenté de le fouler ou de le regarder.
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