JAMAIS SANS L'ISLAMcomme prévu, des gendarmes envoyés par le procureur vinrent nous chercher avec un papier lugubre que personne n'a voulu toucher. après les deux dernières prières du jour, les enfants entrèrent au bain, se lavèrent, retrouvèrent ainsi leur agilité et demandèrent à manger. un membre de la famille se porta volontaire pour faire la sentinelle et m'informer au moindre bruit de pas douteux ou d'automobile: je ne pouvais exclure le retour des égarés avant neuf heures du soir. quant à sultana, je savais qu'elle ne viendrait pas voir ses enfants. a peine avais-je fini d'appeler à la prière de l'aube que les enfants se levèrent de leur lit et cherchèrent leur tasse d'ablution. mais, en raison du temps qui pressait, nous décidâmes de faire la prière en dehors de la maison. nous prenions nos provisions et nos affaires scolaires et espérions ne pas tomber sur un mouchard ou sur quelqu'un envoyé à notre recherche. une demi-heure après, nous arrivâmes à notre demeure de la veille. malgré le froid qui commençait à se faire sentir dans l'air, parmi les arbres et sous nos vêtements, les enfants étaient contents de retrouver leur maison de fortune, leur école forestière et leur tour de contrôle. mahdi me demanda d'allumer du feu pour se chauffer. voyant que les bergers qui pourraient nous repérer à cause de la fumée n'avaient pas encore quitté leurs étables et bergeries, j'allumai un petit feu et les enfants se chauffèrent puis firent la prière avec moi, mangèrent leurs tartines et se mirent d'accord pour organiser leur jeu. chaque fois que ce dernier devenait animé et bruyant, l'un des enfants rappela à l'ordre en demandant aux autres de baisser la voix, de sauter moins, de ne pas casser les branches sèches et de ne pas sortir de la cachette. sr.r.r. ! mahdi sonna de la bouche la cloche de l'école. les élèves se saisirent alors de leurs affaires scolaires et attendirent les ordres du professeur. de l'addition et de la soustraction pour soumaya et mahdi, la révision des sourates déjà apprises pour tous et la copie du texte de français lu et expliqué la veille. une heure après, les enfants demandèrent de se reposer mais comme ils savaient qu'il n'était pas possible d'aller librement dans la forêt, ils s'allongèrent autour de moi et proposèrent que chacun de nous lançât une devinette ou deux ou racontât une blague. maison grande et large, là -dedans ni farine ni soupe, vêtements suspendus et occupants énervés. c'est quoi ? deux frères voisins mais l'un ne peut voir l'autre ?
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