JAMAIS SANS L'ISLAMcomme peuvent le comprendre les parents et les enseignants doués de bon sens, l'opération éducative est une opération dure, lente et de longue haleine. aussi une année ou deux ne suffisent-elles pas à en venir à bout. notre tâche s'avérait dès le début délicate et d'autant plus difficile que nous ne pouvions pas nous y consacrer. dès notre arrivée au village, nous devions travailler dur pour vivre décemment et sans compter sur les autres. bonifier les terres cultivables, améliorer l'état des plantations et s'occuper quotidiennement du bétail étaient nécessaires pour tout fermier dépendant économiquement de la culture et de l'élevage. malgré la disparité de mes activités et le manque d'aide efficace dans les domaines qui m'occupaient, j'ai pu relever le défi de mener à bien ma petite entreprise agricole tout en enseignant aux enfants, selon un programme adapté et harmonisé, des cours de coran, de hadith, d'arithmétique, de langue arabe, de culte, de sciences naturelles et, dès le début de leur deuxième année une introduction à la littérature occidentale (en vue : le français et le néerlandais, en particulier). chez eux, mes enfants apprennent à conjuguer, en matière de religion, foi et pratique, patience et prière, l'invocation du créateur et l'observation des créatures. que seraient-ils devenus sans l'amour de ces valeurs qui mettent en relief le caractère humain de l'individu et de la société ? pour connaître la réponse, il suffit de voir ce que sont devenus les enfants de l'immigration: des personnes désorientées et sacrifiées d'abord par leurs propres parents qui avaient négligé leur éducation, ensuite par les occidentaux qui les utilisent comme ingrédients dans leurs différentes sauces culturelles, sociales et politiques. Épouvantail et bouc-émissaire pour l'extrême droite, moteur de la consommation et de la croissance pour les économistes, une clientèle politique inestimable pour les syndicats et les partis indigènes, les jeunes immigrés deviennent tout sauf eux-mêmes. les enfants d'un imam ne peuvent être l'objet de telles manipulations. pour pouvoir y résister plus tard, ils apprennent aujourd'hui à se connaître eux-mêmes, à connaître l'univers dans lequel ils se meuvent et le créateur qui insuffle la vie à toutes les particules de l'existence. voyant que les deux mondes physique et animal s'agencent dans une harmonie impeccable que l'homme peut épouser ou perturber, les enfants commencent à admirer avec moi et entre eux cet univers qui englobe l'infiniment grand et l'infiniment petit reliés dans leurs essence et existence par le fil unitaire de la volonté d'allah. comme le poste de télé dont on n'a vu ni l'ingénieur ni le fabricant et dont on admire pas moins la qualité et l'aptitude à donner de l'information et du plaisir, l'univers conçu et crée par allah l'invisible, émet ondes et rayons, interfère musique céleste et messages terrestres et s'oriente en s'étendant vers la destination gravée dans ses atomes et ses molécules. aujourd'hui instinctive et sentimentale la foi de mes enfants deviendra jour après jour profonde et intuitive, les incitera plus tard à acquérir plus de connaissances et de certitude et les conduira à voyager par l'acte et la pensée vers le miséricordieux. de plus en plus curieux, les enfants ne cessent de poser des questions relatives à tous les phénomènes de la vie et de la mort qui surgissent devant eux. voyant le corps d'une brebis inerte et sans vie, mahdi demande: papa, pourquoi ses yeux ne voient-ils plus ? pourquoi ne réagit-elle pas alors que tous ses organes sont là ?
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