JAMAIS SANS L'ISLAMl'épouse de leur hôte raconta même que mahdi avait eu le courage d'intervenir dans une dispute éclatée entre elle-même et sa fille aînée, en disant à l'intention de cette dernière qu'elle ne devait même pas hausser le ton devant sa mère ou la contrarier dans quelque affaire que ce soit de ce monde. je remerciai allah qui m'a montré avant la vieillesse et le trépas le résultat de mon jihad dans la conduite de mes petits avec leurs semblables. le lendemain matin, nous prîmes congé de notre hôte et des voisins et essayâmes de faire vite pour arriver chez nous avant la tombée de la nuit. en route, je téléphonai à la mère de lait de soumaya et de mahdi et à la nourrice de sajida pour qu'elles vinssent rejoindre les enfants à l'adresse indiquée. quand la famille fut réunie loin des envieux et des comploteurs, tout le monde commença à raconter les incidents et les épreuves, devenus alors de simples souvenirs. après trois jours de repos et de méditation, je sortis de nouveau à la recherche d'un travail quelconque à condition qu'il fût noble et compatible avec mes nouveaux devoirs envers les enfants. comme si la venue des enfants était le maillon manquant de la chaîne des causes et des effets, je pus, grâce à allah, trouver du travail et notre situation ne pourrait donc que se stabiliser et s'améliorer. le rez-de-chaussée que nous occupions donnait sur le petit jardin du bâtiment; un jardin délabré et négligé que je me proposai dès le premier jour d'entretenir et de travailler si, toutefois, les voisins me le permettaient. les valises des enfants et nos meubles les plus précieux ainsi que les lits se trouvaient dans les deux pièces dont les fenêtres étaient en bonne état. l'autre pièce dont nous n'avions pas encore arrangé les fenêtres était à la fois une salle d'étude, "une mosquée" familiale et une espèce d'isoloir pour mes nuits de méditation ou mes heures de repos. quatre heures du matin sonnèrent. je me réveillai alors pour la prière de la nuit, celle de l'aube n'étant pendant la saison froide qu'à six heures du matin. malgré mes yeux ouverts, je ne pus quitter le lit que j'occupais seul dans la pièce aux fenêtres arrachées. cette paresse inhabituelle m'étonnait de moi-même. pas pour longtemps. quand je vis que le drap avec lequel j'avais fermé la fenêtre d'en face n'était plus à sa place, je compris pourquoi je ne pouvais quitter mon lit: j'avais froid à cause de la fenêtre. mais je ne comprenais toujours pas pourquoi ce drap si bien fixé la veille était tombé. soudain, sans avoir allumé de lampe, je vis deux mains d'homme se poser sur le bord extérieur de la fenêtre, l'une d'elles tenait une lampe de poche, ensuite un visage très brun, peut-être noir paraissait dans l'ouverture de la fenêtre. l'homme s'apprêtait à descendre dans la pièce. j'avais à côté de moi un moyen de défense efficace mais, après réflexion rapide, je me suis abstenu d'en faire usage et d'entrer en lutte ouverte avec l'intrus pour la simple raison que des réfugiés comme nous devaient coûte que coûte resté discrets et loin des enquêtes officielles. cet homme était sur le point d'entrer chez moi, pourquoi faire? en fait, je n'ai voulu le frapper que parce que j'avais compris qu'il était là pour me, neutraliser et s'en prendre aux enfants ou les forcer à le suivre. mais en un éclair, je me suis dit que c'était peut-être un voleur qui convoitait mes biens et non un espion ou un mercenaire qui voulait ravir mes petits. qui es-tu? ai-je lancé. en guise de réponse, l'homme recula et se jeta par terre dans le jardin. je remerciai allah pour ce moindre malheur qui allait m'arriver. le matin, tous les voisins ne parlaient que du voleur de la veille et du petit matin. "il frappe périodiquement me dit un voisin, c'est le fils d'un tel" ... tous avaient perdu cette nuit quelques affaires plus ou moins précieuses, nous, nous avons perdu des vêtements, une paire de chaussures et des vestons. la réparation des fenêtres de l'appartement n'était pas un problème pour moi mais je ne voulais pas y procéder parce que, tout simplement, j'avais depuis la deuxième semaine de mon installation, senti le besoin de déménager pour une autre raison que l'humidité, le froid, le vol ou l'éloignement du lieu de mon travail. en fait, c'était une autre femme qui serait à l'origine de mes nouveaux ennuis. en allant au travail, je devais passer obligatoirement devant une maison munie d'un grand jardin entouré de fils de fer et de cactus. comme mon habitude était toujours d'aller sans détour au but pour lequel j'étais sorti de chez moi, je parcourais assez rapidement les 60 ou 70 mètres de ce bout de chemin sur lequel donnaient la porte principale de cette maison, l'une de ses façades et le jardin. chaque matin, une jeune femme était là à sa porte ou au portail de son jardin, en train de me regarder. j'avais beau baisser les yeux, ignorer son existence et accélérer les pas, mon attitude poussa, hélas, la femme à redoubler de son harcèlement silencieux: le soir, au retour, je la trouvais encore au même endroit une rose à la main et sans foulard. son comportement était suspect mais tant qu'elle gardait ses limites, je n'en faisais pas un drame. cette demi-pudeur ne dura malheureusement pas. la femme faisant semblant de me croiser sur le chemin, prit l'initiative de saluer son voisin et demander après sa famille et ses enfants:
|