JAMAIS SANS L'ISLAMcomme les autres imams et penseurs musulmans ayant vécu à l'ouest, la baleine occidentale m'avait englouti mais au lieu de me broyer comme eux et de m'assimiler, elle me rejeta sur ordre d'allah, sur le rivage de la paix, où la courge bénie m'attendait pour me couvrir, loin de toute pollution, de son feuillage verdoyant et me nourrir de ses fruits paradisiaques. quand nous arrivâmes, les enfants et moi à tanger puis à sefrou, je me suis hâté d'écrire à leur mère pour mettre fin à ses inquiétudes et pour l'informer de mon intention de garder le contact afin que tous nos problèmes trouvassent une solution dans la paix et la discrétion. elle avait le choix de rejoindre ses enfants au maroc pour vivre avec eux ou de demander d'obtenir le divorce qui lui permettait de récupérer les enfants sous certaines conditions. comme réponse, je n'ai reçu de sultana que tempête et orage. elle me menaça de divulguer sur moi tout ce que son imagination pouvait trouver de fourbe, de louche et de méchant jusqu'à ce que les autorités marocaines cédassent et acceptassent de me sacrifier (et avec moi la moudawana et l'honneur de leur pays). j'ai promis d'essayer de relever le défi en sauvant mes enfants des laboratoires belgo-italiens des stupéfiants et de montrer que le marocain qui s'accroche aux lois de son pays et à sa culture ne finira pas par le regretter. a trente kilomètres de sefrou, ville des cerises et de la verdure, se situe la zawiya de touffahat, un petit village entouré des montagnes majestueuses du moyen atlas sans être coupé de fès capitale historique et régionale de la province. juché sur le flanc d'une montagne, le village ne peut être abordé qu'après une montée de quelques trois km parmi les arbres d'une forêt de plus en plus importante et épaisse au fur et à mesure qu'on s'approche des habitations. au bout de la montée, le visiteur découvre le village couvert, tel un ermite portant une robe et un manteau, d'une double forêt: l'une plus proche des maisons est celle que constituent les arbres fruitiers et les oliviers dont la verdure permanente ne laisse paraître ici et là que quelques murs ou maisons bâties sur des crêtes ou regroupées au milieu du village. l'autre est constituée, tout autour de ce dernier, de pins, de chênes verts et de lentisques. a part le douar ancien en pisé, situé au centre de touffahat, les habitations sont éparpillées et se multiplient au fur et à mesure que se fondent de nouveaux foyers formés par des couples qui veulent mener leur vie indépendamment de leurs parents. au milieu du village, se trouvent la mosquée et l'école publique, vers le sud-ouest le mausolée de l'ancêtre des villageois : sidi slimane descendant de moulay driss. mon village jouit de l'abondance de deux biens naturels de plus en plus chers de nos jours : l'air pur et l'eau de source.
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