LE FIQH DE L'IMAM AS-SADIQ VOLUME NUMÉRO 1



Les hadiths sur lesquels les jurisconsultes s’appuient pour dire que les gens du livre sont impurs sont authentiques et ne présentent aucune ambiguïté. Mais ces hadiths-là s’opposent à d’autres hadiths authentiques qui sont plus nombreux et plus clairs. Donc, ce n’est pas logique d’opter pour les hadiths qui disent que les gens du livre sont impurs.

Admettons que les deux ensembles de hadiths soient parfaitement équivalents. Dans ce cas, nous devrons suivre l’une des deux règles établies par les jurisconsultes. Si nous optons pour la règle qui exige que l’on rejette les hadiths qui s’opposent, alors nous pourrons recourir à la règle at-tahara pour dire que les gens du livre sont purs. Et si nous optons pour celle qui dit qu’on est libre de choisir le hadith qu’on veut, alors nous choisirons les hadiths qui disent que les gens du livre sont purs.

Quant à celui qui a dit: «Par précaution, on doit considérer les gens du livre comme impurs, car la plupart des jurisconsultes disent qu’ils sont impurs.», nous lui dirons ceci: il est toujours bien de recourir au principe d’al-ihtiyat (la précaution), d’autant plus lorsque la fetwa jouit d’une réputation. Mais le principe d’al-ihtiyat et la réputation (ach-chohra) ne sont pas des preuves juridiques.

Ainsi, on ne dispose d’aucune des quatre preuves juridiques (le Coran, le hadith, al-ijma‘ et la raison) sur laquelle on peut s’appuyer pour dire que les gens du livre sont impurs.

Je me rappelle qu’un jour notre maître nous a dit textuellement: «Théoriquement, les gens du livre sont purs, mais dans la pratique ils sont considérés comme impurs.» Et moi je lui ai dit: «Donc, vous reconnaissez que ceux qui disent qu’ils sont impurs n’agissent pas savamment.» Alors, le maître et les camarades de classe se sont mis à rire.

Moi, j’ai connu trois muftis éminents qui disaient discrètement aux gens à qui ils faisaient confiance que les gens du livre sont purs. Ces trois muftis sont: Cheikh Mohammed-Rédha al-Yacine, Sadreddine as-Sadr et as-Sayyid Mouhsine al-Amine. Je les ai connus respectivement à Nadjaf, à Qom et au Liban. Ces trois savants n’osaient pas dire publiquement que les gens du livre sont purs, car ils craignaient d’être maltraités par les ignorants. Mois, je suis certain qu’aujourd’hui plusieurs jurisconsultes considèrent les gens du livre comme purs, mais ils n’osent pas le dire ouvertement.

Certes, tous ceux qui disent que les gens du livre sont purs disent que ceux-ci sont accidentellement impurs[77][77], c’est-à-dire tant qu’ils ne se sont pas purifiés avec de l’eau on doit les considérer comme impurs. Ils sont donc pareils à un musulman qui a été souillé d’une impureté. Cet avis s’appuie sur le hadith précédent où l’Imam ar-Rédha (a.s) dit: «Elle se lave les mains» ainsi que sur le hadith authentique rapporté par Ismaïl Ibn Jaber et dans lequel on peut lire ceci: « [Ils mettent] le vin et la chair de porc dans leur vaisselle.»[78][78]

Donc, si la loi islamique nous recommande d’éviter les gens du livre, c’est parce qu’ils sont toujours en contact avec des impuretés comme le vin, le chien, le porc,…

En fin, il convient de mentionner que les jurisconsultes de l’école sunnite sont unanimes à dire que les gens du livre sont purs, alors qu’ils savent bien qu’il y a un hadith qui dit que ces derniers sont impurs. En effet, Abou Thaâlaba al-Khachni a dit: «J’ai dit au Prophète (a.s.s): «Ô Messager de Dieu! Nous vivons dans une région habitée par les gens du livre. Alors, pouvons-nous manger dans leurs assiettes?» [Le Prophète (a.s.s)] m’a dit: «Ne mangez pas dans leurs assiettes, sauf si vous ne trouvez pas d’autres assiettes. Dans ce cas-là, lavez-les [avant de les utiliser].» » [79][79]

D’après ce hadith, il n’est permis aux musulmans de manger dans les assiettes des gens du livre que lorsque d’autres assiettes font défaut. Et même dans ce cas-là ils doivent les laver avant d’en faire usage. Cela veut dire que les gens du livre sont impurs. Mais bien que ce hadith montre clairement qu’ils sont impurs, les jurisconsultes l’ont interprété autrement.



back 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 next