HISTOIRE DE L’ISLAMPuis il retourna encore chez Ali, lui demandant de la conseiller dans sa mission ingrate. Ali (as) lui dit qu'il (Abou Soufiyan) ne pouvait rien de plus que proclamer de la part des Qorayshites les relations amicales qu'ils désiraient maintenir et une continuation de sa propre protection en tant que chef des Qorayshites. Abou Soufiyan se leva dans la cour du Masjid du Prophète (ç) et proclama à haute voix ce que Ali (as) lui avait demandé de proclamer, et il retourna à la Mecque pour rapporter aux Qorayshites ce qu'il avait fait. Ces derniers le reçurent avec sarcasme et lui firent observer que sa proclamation n'était pas valable sans l'assentiment du prophète (ç). Ils dirent que Ali (as) avait fait de lui un simple jouet. Abou Soufiyan répliqua qu'il savait cela, mais qu'il ne savait pas quoi faire d'autre. La tentative désespérée d'Abou Soufiyan de renouveler l'accord de paix confirma l'affirmation de la délégation Khouzâ'a et ne laissa aucun doute sur la culpabilité des Qorayshites. La violation des termes du traité de Houdaybiyya ayant été établie, le prophète (ç) résolut de prendre la Mecque par surprise. Il convoqua ses alliés des environs de Médine, mais sans donner aucun détail sur les raisons particulières de cette réunion. L'objectif en resta secret. Un jour Abou Bakr, entrant dans la maison de sa fille Aicha, la trouva en train de préparer les affaires du prophète (ç). L'interrogeant sur la raison de ces préparatifs, elle lui répondit qu'on projetait d'entreprendre bientôt une expédition mais dont elle ignorait la direction. Toutes les routes menant à la Mecque furent par la suite bloquées afin de prévenir la fuite d'informations sur les mouvements du prophète (ç) aux Qorayshites. Lorsque tous les préparatifs furent presque terminés, le prophète (ç) ordonna à ses partisans de Médine d'être prêts à l'expédition en leur recommandant de garder le plus grand silence afin que le moindre indice de leur mouvement ne parvienne à la Mecque. Malgré toutes ces précautions, le secret fut quand même découvert. En effet, Habîb ibn Balta'a, l'un des Emigrés, partisan du prophète (ç), digne de foi, et dont la famille était restée à la Mecque, écrivit une lettre à un ami resté lui aussi dans cette ville et l'envoya par une femme nommée Sara. Elle était déjà sur la route de la Mecque, lorsque le prophète (ç) apprit par voie divine l'envoi de cette lettre. Aussi dépêcha-t-il Ali (as) et Zoubayr, accompagnés par quelques autres bons cavaliers, à la poursuite de la messagère. Ils la rattrapèrent et la fouillèrent soigneusement mais sans trouver la lettre sur elle. Tous les hommes abandonnèrent la recherche et s'en retournèrent bredouilles, excepté Ali (as) qui pensa que le Messager de Dieu ne pouvait pas se tromper. Rendu furieux par cette déception, il tira son cimeterre, et le brandissant au-dessus d'elle, il jura de lui trancher la tête si elle ne donnait pas la lettre. La femme trembla de terreur, sortit la lettre des longues tresses de ses cheveux. Son contenu était le suivant: «De Habîb ibn Balta'ah aux Mecquois. L’nvoyé de Dieu est en train de se préparer pour vous attaquer par surptise. Aux armes!» L'auteur de la lettre ayant été découvert, fut convoqué par le prophète (ç). Il affirma qu'il était un croyant sincère, et se justifia en affirmant que sa famille était sans protection à la Mecque et qu'il avait voulu la sauver en assurant d'une façon ou d'une autre la protection de quelques Mecquois. Prenant en considération les services qu'il avait déjà rendus, le prophète (ç) accepta son repentir et lui pardonna. Les neuf premiers versets de la Sourate al-Mumtahanah furent par la suite révélés pour mettre les autres en garde de refaire la même chose. Le 10 Ramadan de l'an 8 de l'hégire la marche commença. Sur la route, le prophète (ç) demanda un verre plein d'eau pour rompre son jeûne en présence de tous ses hommes qui observaient, eux aussi, le rite puisqu'on était au mois du Jeûne. Son exemple fut suivi par tous à l'exception de quelques-uns dont il dit qu'ils seraient considérés comme ceux qui désobéissent à Allah et à Son prophète (ç) s'ils persistaient à observer leur jeûne. C'était la plus grande armée que Médine eût jamais lancée dans la bataille. La force comptait, outre les Emigrés, les Ansâr, les bédouins de Ghifâr, d'Aslam, de Johaynah et d'Achja. Les Bani Mozaynah, Solaym et Khouzâ'a rejoignirent l'armée sur la route. Il y avait mille bédouins de Bani Mozaynah et mille de Bani Solaym. La force comptait en tout dix mille hommes. Le prophète (ç) avait amené avec lui deux de ses femmes Oummou Salama et Zaynab Bint Johach. Lorsqu'ils arrivèrent à Johfa ou Dhoul Houlayfah, Abbas (l'oncle du prophète (ç)) accompagné de sa famille qui émigrait à Médine, rencontra le prophète (ç), lequel le retint pour lui tenir compagnie. Il envoya sa famille à Médine. L'armée se mit à marcher aussi rapidement que possible afin de pouvoir camper le soir du septième ou huitième jour à Marr al-Zouhrân, près de la cité sacrée, au nord-ouest de la ville. Une fois arrivée à ce point, l'armée fut autorisée, pour la première fois depuis le début du voyage, à allumer librement le feu sur les sommets de la montagne de Marr al-Zouhrân. Les hauteurs de la montagne furent ainsi rapidement embrasées avec dix mille feux, et les Mecquois qui n'avaient pas été prévenus de ce danger imminent furent frappés de terreur. Abou Soufiyan se rendit en mission de reconnaissance auprès des musulmans. Il tomba sur Abbas qui, par sentiment de sympathie pour les habitants de sa ville, s'était écarté de l'armée dans l'espoir de rencontrer un voyageur à qui il pourrait confier la mission d'informer les Mecquois de l'approche d'une grande armée avec pour objectif leur conseiller de se rendre s'ils voulaient éviter la destruction.
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