HISTOIRE DE L’ISLAMLes Médinois, qui avaient vécu plus que quiconque les péripéties de toutes les batailles de l'Islam, se sentirent frustrés par ce traitement de faveur accordé aux Qorayshitesites. Ils le prirent pour une marque de népotisme de la part du Prophète (ç), et d'irrespect pour les services méritoires qu'ils avaient rendus eux-mêmes pendant les années passées de la lutte. Ils grognèrent contre la préférence donnée aux Qorayshites. Abul-Fidâ' dit: «Une fois la distribution terminée, Thul Khuwayçarah critiqua franchement le Prophète (ç), lequel le qualifia d'homme dont la postérité serait constituée des dissidents (Khârijites); et c'est ce qui arriva effectivement lorsque Harqûs fils de Thul Thaddiyah, un descendant de Thul Khuwayçarah, sera le premier à prêter serment d'alliance contre le Calife Ali (as) et qu'il deviendra dissident ou Khârijite». Les Médinois Réconciliés S'étant rendu compte du mécontentement des Médinois, le Prophète (ç) entra sous sa tente en compagnie de Ali (as) et peu après il convoqua les notables de Médine. Selon W. Ivring, le Prophète (ç) leur dit: «ش vous les hommes de Médine! N'étiez-vous pas en désaccord entre vous-mêmes et n'est-ce pas moi qui vous ai apporté l'harmonie? N'étiez-vous pas dans l'erreur et n'est-ce pas moi qui vous ai mis sur le droit chemin? N'étiez-vous pas pauvres et n'est-ce pas moi qui vous ai rendus riches?» Ils reconnurent la véracité de ces propos. «Voyez-vous?» ajouta-t-il. «Lorsque je suis venu parmi vous, vous m'avez cru, alors que j'avais été stigmatisé (par les Mecquois) comme un menteur; vous m'avez protégé, alors j'étais un fugitif; et vous m'avez aidé, alors que j'étais sans secours! Croyez-vous donc que je sois inconscient de tout cela? Pensez-vous que je sois ingrat? Vous vous plaignez du fait que j'accorde à ces gens-là des cadeaux et que je ne vous en donne pas. C'est vrai, je leur donne des biens de ce monde, mais c'est pour gagner leurs curs attachés à ce monde. A vous qui êtes des hommes vrais, je vous donne moi-même! Ils retournent chez eux avec des moutons et des chameaux, mais vous, vous retournez avec le Prophète (ç) de Dieu parmi vous. Car, par Celui qui détient entre Ses mains l'âme de Mohammad, si le monde entier allait d'un côté et vous de l'autre, je resterais avec vous! Lequel donc, de vous ou d'eux, ai je récompensé le plus?» Les Ançâr furent si touchés par ce discours du Prophète (ç) qu'ils sanglotèrent à haute voix et que leurs barbes furent mouillées par leurs larmes. Aussi s'écrièrent-ils: «ش Messager de Dieu! Nous sommes contents de ta compagnie et satisfaits de nos parts». Les Prisonniers de Guerre Parmi les captifs figurait une femme âgée, nommée Chaymâ', qui affirmait qu'elle était la fille de Halîmah, la nourrice du Prophète (ç), donc la sur de lait de ce dernier. Elle fut amenée devant le Prophète (ç) qui reconnaissant en elle la fille qui le gardait et le portait lorsqu'il avait été nourrit par Halîmah chez les Banî Sa'd, tendit son manteau vers elle et la fit s'asseoir affectueusement à côté de lui. Il lui offrit de l'amener avec lui à Médine, mais elle préféra rester avec sa tribu. Elle eut alors l'autorisation de retourner chez elle, après qu'on lui eut offert de beaux cadeaux et fourni généreusement tout ce qu'il fallait pour son voyage. Encouragée par cet excellent traitement réservé par le Prophète (ç) à une proche, une délégation de Banî Sa'd, de Banî Hawâzin et d'autres tribus vint voir le Prophète (ç), se soumit à son autorité et le pria de leur rendre leurs femmes, leurs enfants et leurs biens. «Qu'est-ce qui est le plus cher, vos familles ou vos biens?» demanda-t-il aux Hawâzin. "Nos familles» répondirent-ils. «C'est bien, dit-il. Pour autant que cela concerne 'Abbâs et moi-même, nous sommes prêts à renoncer à notre part de prisonniers; mais il faudrait convaincre les autres aussi. Venez me voir après la prière de midi et dites: Nous implorons l'Envoyé de Dieu de recommander à ses partisans de nous rendre nos femmes et nos enfants, et nous implorons ses adeptes d'intercéder auprès de lui en notre faveur». Les délégués firent ce qui leur avait été conseillé. Mohammad et 'Abbâs renoncèrent immédiatement à leur part de prisonniers de guerre, ils furent suivis alors par tous les autres. Ali (as) Inspiré de Secrets Divins Pendant la période où l'armée campait autour de la ville assiégée de Tâ'if, le Prophète (ç) avait envoyé un détachement sous le commandement de Ali (as) afin d'inviter les tribus habitant aux alentours de Tâ'if à embrasser l'Islam et à détruire les idoles qu'elles adoraient. Ali (as) avait eu quelques accrochages, spécialement avec le clan de Khoth'am qui lui avait résisté. Mais le chef de ce clan, Chabab, ayant été tué par Ali (as), les autres s'étaient soumis. Ayant exécuté avec succès et fidélité sa mission, il était retourné auprès du Prophète (ç), lequel en le voyant s'était écrié: "Allâh-u-Akbar" et l'avait amené seul dans son appartement sacré pour avoir avec lui une longue et confidentielle conversation. Ses compagnons éminents, et tout spécialement, 'Omar, se mirent à murmurer, se demandant pour quoi le Prophète (ç) engageait avec son cousin une si longue conversation confidentielle, sans permettre à d'autres d'y assister. Ayant reçu l'écho de ces murmures, le Prophète (ç) dit que c'était Dieu Lui-Même Qui avait inspiré à Ali (as) quelques Secrets Divins, et que c'était pour cette raison qu'il avait eu avec lui un long entretien confidentiel.
|