HISTOIRE DE L’ISLAMComme nous l’avons signifié, le père du prophète (ç) (que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui et sur les membres purifiés de sa famille) est mort à Médine du retour d’un voyage commercial en Syrie alors qu’il n’avait que deux mois dans le ventre de sa mère. Le saint Coran évoque cette étape de la vie orpheline du sceau des prophète (ç)s en ces termes : «Ne t'a-t-Il pas trouvé orphelin? Alors Il t'a accueilli! Ne t'a-t-Il pas trouvé errant? Alors il t'a guidé. Ne t'a-t-Il pas trouvé pauvre et Il t'a enrichi ». (Sourate 93 : 6-8). Le nouveau-né d’Amina n’a pris de tétée d’elle que quelques jours seulement. Ensuite, il fut confié à Souwaibah, la captive affranchie de son oncle Abou Lahab. Ceci eut lieu pendant la période où elle allaita son propre fils, Masrouh. Elle avait auparavant allaité Hamzah Ibn Abdoul Moutallib, qui est donc par conséquent le frère de lait du prophète (ç) (ç), et ensuite Abou Salamah Ibn Abdou Asad Makhzûmi. Les Arabes sédentaires avaient pour coutume de confier leurs enfants à des nourrices bédouines qui vivaient dans le désert à l'extérieur de la cité. Celles-ci les emmenaient chez elles et s’en occupaient jusqu'à un certain âge. Plusieurs raisons expliquent cette pratique dans l’éducation des enfants : - pendant le pèlerinage, les gens affluaient de différentes régions, charriant ainsi avec eux leurs cultures. D'où le mélange de différentes langues. Ce qui pouvait ainsi entacher la langue arabe de leurs enfants. En effet, les Arabes attachaient beaucoup d'importance à la richesse et la pureté de leur langue. Ils voulaient donc que cette éloquence soit préservée au fil du temps. Et le seul moyen d’y arriver était l’isolement des enfants de cette atmosphère de commerce et de négoce. D'ailleurs, le Prophète (ç) (ç) exprima un jour sa fierté du fait de la noblesse de sa souche, en disant : « je suis le plus éloquent d’entre vous en arabe. En plus du fait que je sois Qorayshite, j’ai été allaité chez Bani Sa’d ibn Bakr où j’ai grandi ». - D'autre part, les Qorayshites, attendaient de ces pratiques l'acquisition d'un courage intrépide par leurs enfants, du fait de la difficulté de vie en dehors de la Mecque. - Aussi, de nombreuses maladies comme le choléra étaient présentes dans les métropoles (si on peu les appeler ainsi) et il était plus prudent de les en écarter durant les premiers moments de leur vie. Une délégation de la tribu de Sa'd Ibn Bakr, division des Hawâzinites, se rendit alors à la Mecque pour trouver des enfants à élever. Alima Sa’dia, future nourrice de Mouhammad (ç) faisait partie du groupe. C’était une pauvre. Et à cause de sa monture chétive et fatiguée, elle arriva à la Mecque tard par rapport aux autres qui avaient déjà choisi les enfants. Elle ne put trouver un enfant de riche. Par ailleurs, personne n'avait voulu prendre Mouhammad (ç) parce qu’il était non seulement orphelin mais appartenait à une famille pas trop riche. Les nourrices cherchaient évidemment les enfants dont les parents étaient riches. Ne voulant pas rentrer bredouille, elle se résolut alors à prendre le petit enfant dont elle ne regrettera jamais la garde... La vie chez une nourrice nomade ne pouvait être que très simple. La tribu passait les différentes saisons en divers endroits, au rythme des troupeaux que les enfants surveillaient toute la journée dans les pâturages, et jouaient ensemble. Les femmes ramassaient du bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers, et meublaient leur loisir à filer. On se contentait quelquefois de dattes et de lait comme pitance. Parfois, on mangeait des légumes, et quelques fois de la viande. Lors des foires ou des visites à la Mecque, ils savouraient occasionnellement quelques friandises. Des razzias et des guerres entre les tribus étaient des choses courantes. Mais, les sources historiques n'en mentionnent aucune concernant la tribu de la nourrice du noble prophète (ç). Le jeune Mouhammad (ç) (que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui et sur les membres purifiés de sa famille) se comportait comme tous les autres enfants. On rapporte qu'un jour, pour une raison que les narrateurs ne mentionnent pas, il mordit l'épaule de sa sœur de lait avec une telle vigueur que la trace resta indélébile. Chose curieuse, elle n’en regretter point. Car, plus tard en effet, dans une expédition, l'armée du prophète (ç) (que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui et sur les membres purifiés de sa famille) fit un certain nombre de prisonniers lors d’une bataille, parmi lesquels se trouva Chaimâ (cette sœur de lait). Lorsqu'elle rappela à Mouhammad (ç) (que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui et sur les membres purifiés de sa famille) l'incident et lui montra l'incision sur son épaule, il la reconnut aussitôt, et elle fut traitée avec tous les égards dus à une sœur bien aimée (Ibn Hichâm.p. 856-857 ; Balâdhuri, § 161.). La grande foire annuelle de 'Ukâz avait lieu dans la région. Alima s’y rendait quelquefois en compagnie de son nourrisson. On rapporte même qu’Alima demanda à un voyant astrologue de la tribu de Houdhail (qui exerçait son métier à la foire) de prédire le destin de l'enfant (Ibn Sa'd, I/I, p 98.) Alors que le prophète (ç) (que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui et sur les membres purifiés de sa famille) avait quatre ou cinq ans, il se passa un évènement qu’Alima relat en ces termes: « …Quelques mois après notre retour, alors qu'il gardait les moutons avec son frère de lait, derrière les tentes, celui-ci vint en courant nous dire : Mon frère le Qorayshite vient d'être saisi par deux inconnus habillés en blanc, qui l'ont mis à terre et lui ont ouvert le ventre ! Nous nous précipitâmes vers les lieux. Par surprise, il était debout et tout pâle. Je le pris et le serrai dans mes bras. Mon mari en fit autant :
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