HISTOIRE DE L’ISLAMCertes, il arrivait souvent qu’avec le don de quelques chameaux en guise de dédommagement, la partie victime. Les notables de chaque tribu étaient chargés de régler les conflits. Et très souvent la partie d’en face n’acceptait les résolutions du traité que lorsqu’elle n’en pouvait plus d’une guerre interminable. Les affrontements s’évitaient souvent par le transfert du criminel à la tribu victime pour être jugé. Des décisions carrément humiliantes pour la tribu qui préférait très souvent obtenir le droit de juger eux-mêmes leur frère fautif. Les mœurs et la morale chez les Arabes se résumaient en la protection de la dignité de la tribu à travers toutes ses actions. Ce genre de règles et coutumes avait plus ou moins influencé certaines villes du Hijâz telles que la Mecque, Médine. Les habitants de ces villes avaient presque les mêmes comportements que leurs confrères du désert. Même esprit de liberté, n’obéissant aux ordres de personne, le culte du tribalisme et de l’orgueil. Grâce à la Ka’ba et aux activités commerciales qui s’y déroulaient, la Mecque faisait l’objet d’un respect particulier de la par des populations. Ce qui donnait à la cité une certaine paix. Avec ses principes de justice, l’islam est venu renverser cet ordre social par une société où les gens sont égaux et où on ne doit assister que celui qui le mérite vraiment. Le respect de la justice doit toujours être le mot d’ordre du musulman, quand bien cela soit en sa défaveur ou celle de se ses parents : « ش les croyants! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l'ordonne, fût-ce contre vous mêmes, contre vos père et mère ou proches parents. Qu'il s'agisse d'un riche ou d'un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (Et Il est plus Connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions, afin de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le refusez, [sachez qu'] Allah connaît parfaitement ce que vous faites ». (Sourate Nisâ : 135). PILLAGE ET CRIME Par rapport aux autres Arabes ne faisant pas partie de son clan, le Bédouin est pratiquement sans sentiment. Le model de vie chez les Arabes de l’époque correspond au comportement nationaliste additionné à la loi du plus fort face à ceux qui n’était ni de sa famille, encore moins de sa tribu. Ses intérêts et ceux de sa tribu passaient avant tous. L’un d’eux en pleine ère islamique s’exprimait ainsi lors d’une invocation : « Seigneur ! Pardonne-moi, pardonne aussi à Mouhammad (ç) que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui et sur les membres purifiés de sa famille ! En dehors de nous ne pardonne à personne d’autre ». (Boukhâri, T 8, Kitab Adab, chap 549, hadith 893 et avec de légers changements on a aussi Sunanu Abi Daoud, T4, Kitab Adab, p 549). Le déficit de moyen de survie dans le désert les poussait à des actes de pillage et à des exactions. Les Arabes n’avaient pas ce que les autres peuples avaient Et pour obtenir certaines choses ils se lançaient dans des razzias et considéraient les victoires qu’ils remportaient comme signe de grandeur et de noblesse. Gustave Lebon, Pishin, p63 Les défis inter tribaux tournaient parfois en conflits sanglants. L’inimitié, les intrusions dans les pâturages et la convoitise du poste de chef étaient aussi génératrices de conflits à long terme tantôt entre deux tribus ou entre des familles au sein d’une même tribu pour le pouvoir. Lorsque l’aîné de la famille disparaissait, ses enfants et ses frères manifestaient tous le désir de prendre les rennes de la tribu. Un problème qui faisait régner une ambiance de discours apologiques pour se vanter d’une part, et des propos humiliants pour rabaisser l’adversaire d’autre part. On évoquait les récits héroïques du passé pour se donner le mérite et attisait ainsi les flammes de la haine et d’adversité. Bref tous les moyens étaient bons pour effacer l’autre. Le règne de la barbarie et le manque de civilisation passaient pour être les causes des invasions non justifiées. Selon Ibn Khaldoun, les Bédouins étaient un peuple sauvage qui la terreur comme mœurs irréversible dans leurs coutumes. (Hassan Ibrahim Hassan, Pishin, T1, p 38). Ils pouvaient facilement s’en prendre à une principauté pour obtenir des pierres dont ils avaient besoin pour construire leurs fourneaux. Ils détruisaient alors des grands palais tout simplement pour avoir des pierres et les poteaux pour leurs tentes. Dépouiller autrui n’avait pas de règles pour eux et était fonction de leurs besoins. Ils s’en prenaient aisément à une caravane, massacrant tous ses membres s’il le fallait pour voler leurs camelotes. Le pillage était une source de revenu ordinaire pour les Bédouins. Après une attaque, ils emportaient les butins comme les chameaux et faisaient prisonniers les femmes et les enfants des victimes. Ils gardaient ainsi des personnes bouillonnant de vengeance au sein de leur clan. Dès la première occasion, ceux-ci se révoltaient et renversaient la vapeur. Lorsqu’ils ne trouvaient pas des gens à attaquer, les membres des clans d’une tribu s’affrontaient entre eux. Qâtami un, un poète de l’ère omeyyade déclare dans un poème : « Nous avons pour travail le pillage et les attaques sur nos voisins et nos ennemis. Et si nous ne trouvons personne en dehors d’un frère, nous l’attaquions ». L’un des conflits historiques ayant atteint des proportions inimaginables à Médine fut le conflit entre les tribus Aos et Khazrajs. Cette atmosphère de tension permanente avait paralysé la vie des Arabes. Allah évoque dans le saint Coran cette situation inhumaine qu’Il a substituée par l’esprit de fraternité : « Et cramponnez-vous tous ensemble Au ‹Habl› (câble) d'Allah et ne soyez pas divisés. Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous. Lorsque vous étiez ennemis les uns des autres, C'est Lui qui réconcilia vos cœurs, puis, pas son bienfait, vous êtes devenus frères, alors que vous étiez Au bord d'un abîme de Feu. C'est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi, Allah vous montre ses signes afin que vous soyez bien guidés ». (sourate Ali Imrân : 103).
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